jeudi 22 septembre 2016

Le corps si subtil…


J'ai lu Les Corps Inutiles, de Delphine Bertholon.


• Flashback
J’avais lu “Grâce”, de la même romancière, l'année dernière. Pour être sincère, je n’avais pas aimé. Eh oui, ça m’arrive ! D’abord, parce que je n’avais pas réussi à donner corps (ni visage) au personnage principal. Ensuite, parce que l’atmosphère était trop lourde (bon, c'était voulu, hein ! (mais je suis quelqu’un de sensible, moi, avec un petit cœur tout fragile à l’intérieur !)). Néanmoins, la plume était belle, propre, maîtrisée, mais l’histoire m’est simplement passée à côté. L’ai-je terminé, ce livre ? Non, je ne crois pas.

• Flashpasback
Je viens de lire “Les Corps Inutiles”, donc. Je m’acharne, pensez-vous ? Non… En fait, j’ai beaucoup aimé le titre (énigmatique). J’ai trouvé la couverture très belle, aussi. Oui, je suis quelqu’un de simple (un homme, quoi !), et je me laisse facilement séduire par une belle couverture. En revanche, JAMAIS je ne lis la quatrième de couverture. JAMAIS !!! Cette petite dizaine de lignes qui tue l’intrigue, qui révèle bien plus qu’elle ne devrait. C’est donc sans savoir où je mettais les pieds que j’ai ouvert les premières pages du huitième roman de (la charmante, disons-le !) Delphine Bertholon.

Rhoooo la bonne bouille !!!! (comme si le talent ne suffisait pas !) © Virginie Faucher

En général, quand je lis un livre que je sens susceptible de finir sur mon blog, je griffonne au fil des pages quelques remarques, je mets un paragraphe en avant, je souligne une tournure de phrase élégante, drôle ou touchante. L’ennui, c’est qu’ici je n’ai pas apposé la moindre annotation. Rien. Que dalle. Les premières pages m’ont aspiré jusqu’à la dernière sans me laisser le temps (ni l’envie) de respirer. Parce que oui, ça commence fort.

Bordel, ça commence très fort. Et ça continue si intelligemment que ça n’autorise aucune pause, aucun détachement. On se laisse noyer, tirer vers le fond, sans résistance.

UN BÉMOL POUR L'HUMOUR
Alors… le gros défaut, c’est qu’on ne rigole pas ! Voici une phrase prise au hasard : 

Exemple type de phrase pas hyper drôle

Flagrant, non ? Pourtant, on sourit, parfois, de situations ou dialogues cocasses, mais dans l’ensemble, il faut l’avouer : c’est pas la grande foire du LOL !

POUR LE FOND…
Je ne pitcherai pas l’histoire parce que je ne le fais jamais, et parce que particulièrement ici TOUT est important, TOUT est à découvrir. Ce qui est impressionnant, chez Delphine (penser à lui donner mon 06 !), c’est cette manière de nous faire découvrir l’histoire façon puzzle (!). Elle laisse des espaces vides, des questions ouvertes qui trouveront réponse quelques dizaines (centaines) de pages plus loin. Rien n’est laissé au hasard, tout est parfaitement ficelé, tramé, emboité.

POUR LA FORME…
Pour paraphraser Confucius (ou Lao Tseu, je les confonds toujours !), je dirais qu’ “elle a tout d’une grande” ! On le sent, on le sait. Les premières lignes sont la promesse d’une écriture rigoureuse. Promesse que tiendront les 320 pages suivantes. C’est beau, propre, et incroyablement juste quant à la psychologie des personnages. On ne peut s’empêcher de penser que si les évènements décrits dans ce livre se passaient dans la vraie vie réelle de la réalité, les personnages réagiraient de la même manière et les conséquences seraient les mêmes. C’est bouleversant (ou inquiétant ?) à quel point tout sonne juste.

POUR CONCLURE
Halte-là ! Ce n’est pas un livre à emporter à la plage (en même temps, ce n’est plus l’époque). Car non, ce n’est pas un livre “facile”. Il est écrit d’une plume acérée, fine comme une lame de rasoir et aussi tranchante. Chez soi, au calme, seul, c’est ainsi qu’il faut le lire si on veut en tirer toute l’essence, toute la force. Vous ne prendriez pas un Nabokov ni un Yourcenar pour vos trajets quotidiens en train, alors ne prenez pas “Les corps inutiles” non plus. Il mérite mieux que ça.

POUR EN FINIR AVEC CET ARTICLE :

Titre : Les Corps Inutiles
Auteur : Delphine Bertholon (la p'tite blonde, un peu plus haut)
Éditeur : Le Livre de Poche
Année : 2016

Distinction : Aucune… pour l'instant !
Nombre de pages : 339
Poids : 185 g
Prix : 7,30 €, soir 40 €/kg


Mon appréciation d'expert : Un "must have" !!! Merci à Lionel de me l'avoir fait découvrir.

jeudi 17 décembre 2015

2015, poing par poing

L'an de grâce 2015 s'achève. Si les barbus enturbannés ont largement couvert le paysage médiatique, il s'est aussi passé quelques petits évènements sympa, cette année. Et si je ne devais retenir qu'un livre, qu'un film, qu'une série, … voici ce que je choisirais !

Coup de poing 1 - UN LIVRE


En parlant d'enturbannés, justement… Voici LE livre qui devrait faire partie des programmes scolaires de nos collèges. La jeune Malala y retrace son enfance en Afghanistan, l'émergence des talibans, l'engagement de son père pour l'éducation des filles, sa tentative d'assassinat par des fondamentalistes, etc. Prix Nobel de la Paix, cette jeune fille est un hymne au courage, à la force, à l'humilité.

Coup de poing 2 - UN FILM


Oulaaaaaa… On change de registre ! Ben oui, c'est ma plus belle surprise cinématographique, cette année. De l'action, une ambiance, plein de jolies filles à peine vêtues… tous les ingrédients sont là !

Coup de poing 3 - UNE SÉRIE


La vie mouvementée d'une agence de publicité américaine dans les années soixante. Oui, dit comme ça, ça donne envie de se jeter d'un pont, mais détrompez-vous, c'est absolument passionnant. Je déconseille néanmoins cette série à toute personne qui tenterait d'arrêter de boire ou de fumer ! Rares sont les plans sans clopes ni verres de whisky.

Coup de poing 4 - UNE BD


Une histoire indescriptible. Des planches qui sont de véritables œuvres d'art. Un univers fantasmagorique, onirique. La BD, c'est pas mon truc, mais là, on ne parle même plus de BD, c'est de l'art !

Voilà voilà… J'ai reçu d'autres coups de poing, mais ceux que je viens de présenter ici sont les plus fort ! Les uppercuts de l'année. La crème de la crème. Ze top of Monsieur No, en somme !

lundi 30 novembre 2015

Les preux de Spinalonga

Une couverture étrangement bleue…

J'ai lu L'île des Oubliés, de Victoria Hislop.

Si vous avez lu mon dernier teaser (ce dont je ne doute pas), vous savez déjà que ce livre m'est tombé des mains après lecture de la quatrième de couverture. Je résume l'idée : Spinalonga, petite île au large de Plaka (un village littoral de la Crête), fait office, dans la première moitié du XXe siècle, de léproserie. Le ton est donné. Les amis, signez là, on va SE MARRER ! Vous avez ri devant le dernier spectacle de Bigard. Vous avez également toutes les VHS de Didier Gustin (en double) et vos zygomatiques sont en demande de nouveautés ! Ne cherchez plus. Une histoire de lépreux qu'on met en quarantaine sur une île sombre du fin fond de la Mer Égée, ça va vous déboiter la mâchoire façon "loup de Tex Avery" ! Cinq cents pages de fou rire garanti (en fait, non!).
 
Ce qui reste de Spinalonga, aujourd'hui

Mais ce n'est pas tout. L'héroïne (si on ici peut parler d'héroïne) est une jeune étudiante britannique un peu intello (genre qui cherche un sens à sa vie, tout ça tout ça… enfin, tous ces trucs typiquement féminins, quoi !) qui, sur un coup de tête, décide de partir en Crête (comme par hasard) avec son petit ami (sportif, musclé, beau, mais plombé par une insondable connerie doublée d'un vide intellectuel abyssal), à la recherche de son passé. Bon, moi, en tant que lecteur, je m'en tape un peu de son passé. Et puis, j'suis pas con, j'ai lu le pitch et je sais que ça va finir par parler de malades, de membres décharnés, de visages déformés et, au final, de mort.
 
L'île de Spinalonga vue en contre-plongée Quart Est / Sud-Est

Vous l'avez compris. On ne rit pas beaucoup à la lecture de ce roman. Mais on ne pleure pas non plus. Enfin… si, on larmouille un peu. Mais pas pour ce que vous croyez ! Jamais on ne tombe dans le pathos. C'est fort, vibrant et historiquement passionnant. J'y vois un heureux mariage entre Autant en Emporte le Vent et Le Soleil des Scorta. Vous l'avez compris, J'ai adoré.

Anecdote amusante : les mots hélicoptère, fer à souder, chêne pédonculé ainsi que le prénom Pétronille n'apparaissent nulle part dans ce roman ! 



Lors de notre rencontre, Victoria a apprécié ma blague "Toto chez les lépreux"

L'AUTEUR

Jolie brune de 56 ans, elle signe ici son premier roman. Mariée à un journaliste et humoriste, elle mesure dans les 1,78 m et ne porte que des vêtements en coton et en lin. Sa couleur préférée est sans doute le bleu. Elle digère mal le lactose mais supporte plutôt bien les fromages à pâte cuite, qu'elle apprécie accompagnés d'un verre de Bourgogne et de pain français. Elle ne connait pas son signe astrologique chinois. Notons qu'à l'instar de la clé, elle est anglaise.


POUR EN FINIR AVEC CET ARTICLE :

Titre : L'Île des Oubliés (The Island)
Auteur : Victoria Hislop
Éditeur : Le Livre de Poche
Année : 2005

Adaptation cinématographique : Sur mes lèpres, J. Audiard, 2001

Prix : Prix de la révélation littéraire (Grande-Bretagne)
Nombre de pages : 520
Poids : 260 g
Prix : 7,90 €, soit 1,5 cent/page


Mon appréciation d'expert : un fond historique, une fresque familiale originale, une écriture légère et rythmée… bref, pour moi, une vraie découverte !

mardi 24 novembre 2015

Pruneaux crus, pruneaux cuits

Un jour, alors que je digérais douloureusement un canard aux pruneaux amoureusement préparé par ma môman, je me rendis compte que ma PAL (pile à lire : stock de livres achetés sur coups de cœur mais pas encore lus) était, contrairement à mon estomac, vide.

Charlotte aux fraises

Après avoir parcouru du regard la très fournie bibliothèque parentale, je constatai avec désarrois que… ben non, rien ne me tentait vraiment ! C'est alors que ma chère môman intervint : "Tiens, ça, ça devrait de plaire !". Elle me tendit un livre étrangement bleu. L'île des oubliés. De l'inconnue Victoria Hislop. Après avoir balayé la quatrième de couverture, je déclarai, désemparé : "Oué… ça m'tente qu'à moitié ton histoire de lépreux.". Car il s'agissait bien d'une histoire de lépreux. Si, ça existe (puisque je vous le dis) ! Poussé par une (mal)saine curiosité, je lus le premier chapitre. Parce que vraiment… mais alors VRAIMENT, je n'avais rien d'autre sous la main !

Quant à la suite, vous la connaitrez à la lecture de ma prochaine chronique, puisque elle portera sur cet EXCELLENT livre !

Pour la recette du canard aux pruneaux, voir directement avec ma môman. #spasfon #smecta